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dans les plus intimes détails, du sort de mademoiselle Pauline de Tourzel, de madame de La Roche-Aymon, de la duchesse de Luynes et de toutes les personnes de sa cour qu’elle avait laissées aux Tuileries.


XIII

La mort de ses serviteurs tués sur le seuil de son appartement déchira son cœur. Elle leur donna des larmes. Elle raconta, en s’habillant, ses impressions pendant la séance de la veille. Elle se plaignit à demi-mot de ce défaut de dignité naturelle qui ne donnait pas au roi, depuis qu’il était entre les mains de l’Assemblée, toute la majesté qu’elle aurait désiré lui voir devant ses ennemis. Elle regrettait qu’il eût satisfait sa faim en public et offert ainsi aux regards du peuple une apparence d’insouciance et d’insensibilité si loin de son cœur. Des députés attachés à son parti l’avaient fait prévenir du fâcheux effet de cet oubli de sa situation ; mais sachant, disait-elle, l’inutilité de ces avertissements, impuissants contre sa rude nature, elle les avait épargnés au roi, pour ne pas ajouter une humiliation à tant de peines. La montre et la bourse de la reine s’étant perdues dans le tumultueux trajet du château à l’Assemblée, elle emprunta la montre d’une de ses dames, et pria madame Augié, sa première femme de chambre, de lui prêter vingt-cinq louis pour les hasards de sa captivité.

À dix heures, la famille royale rentra à l’Assemblée et y