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roux menacent la députation de Paris de l’arrivée de nouveaux Marseillais. La séance est levée au milieu du plus inexprimable tumulte. La guerre est déclarée.


XIX

Le combat s’engage le lendemain à la séance de la Convention. Merlin se lève. « On parle de régler l’ordre du jour, dit-il ; le seul ordre du jour, c’est de faire cesser les défiances qui nous divisent et qui perdraient la chose publique. On parle de tyrans et de dictateurs : je demande qu’on les nomme et qu’on me désigne ainsi ceux que je dois poignarder. Je somme Lasource, qui m’a dit hier qu’il existait ici un parti dictatorial, de nous le désigner. »

Lasource, ami de Vergniaud et presque aussi éloquent, se lève indigné de cette interpellation perfide. « Il est bien étonnant, dit-il, qu’en m’interpellant le citoyen Merlin me calomnie ! Je n’ai point parlé de dictateur, mais de dictature. J’ai dit que certains hommes ici me paraissaient tendre par l’intrigue à la domination. C’est une conversation particulière que le citoyen Merlin révèle. Mais, loin de me plaindre de cette indiscrétion, je m’en applaudis. Ce que j’ai dit en confidence, je le redirai à la tribune, et j’y soulagerai mon cœur. Hier au soir, aux Jacobins, j’entendis dénoncer les deux tiers de la Convention comme conspirant contre le peuple et contre la liberté. En sortant, des citoyens se groupèrent autour de moi ; le citoyen Merlin se