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force publique ; c’est aussi la demande que vous adresse le ministre de l’intérieur, ce Roland qui, malgré les calomnies dont on l’accable, est à vos yeux un des plus hommes de bien de la France. (On applaudit.) Je demande, moi aussi, une force publique à laquelle concourent tous nos départements. Il faut une loi contre ces hommes infâmes qui assassinent parce qu’ils n’ont pas le courage de combattre… Croit-on nous rendre esclaves de certains députés de Paris ?… »

Ce soulèvement de l’âme de Buzot ébranla la Convention. Des acclamations parties de tous les bancs des députés des départements appuyèrent ses paroles. Les députés de Paris et leurs adhérents se turent consternés, et la proposition fut votée. Le soir, les douze députés de Paris se portèrent en masse à la séance des Jacobins pour exhaler leur colère et pour concerter leur vengeance. « Il faut, s’écria Chabot, que les Jacobins, non de Paris seulement, mais de tout l’empire, forcent la Convention à donner à la France le gouvernement de son choix. La Convention rétrograde. Les intrigants s’en emparent. Les endormeurs de la secte de Brissot et de Roland veulent établir un gouvernement fédératif, pour régner sur nous par leurs départements. »

À ces mots Pétion paraît, il monte au fauteuil. Brissot écrit qu’il demande à s’expliquer fraternellement. Fabre d’Églantine attaque Buzot et dénonce son discours du matin comme une combinaison préparée chez Roland pour prévenir l’esprit de la Convention contre Paris. Pétion défend Buzot, « non pas seulement à titre d’ami, dit-il, mais comme un des citoyens les plus dévoués à la liberté et à la république. » Billaud-Varennes, Chabot, Camille Desmoulins, appellent Brissot un scélérat. Grangeneuve et Barba-