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Tallien demanda que cette proposition fut ajournée. « Ajourner la répression du crime, dit Vergniaud, c’est proclamer l’impunité des assassinats. » Fabre d’Églantine, Sergent, Collot-d’Herbois, se sentant désignés, s’opposèrent à la motion de Kersaint. Ils justifièrent les citoyens de Paris. « Les citoyens de Paris, s’écria Lanjuinais, ils sont dans la stupeur. À mon arrivée ici j’ai frémi ! » Des murmures s’élevèrent. Buzot, confident de Roland, préparé à la parole par la communication qu’il avait reçue du rapport, profita de l’émotion inattendue produite par le discours de Kersaint pour monter à la tribune et pour engager le combat en élargissant le terrain.


XVIII

« Au milieu de l’agitation violente que la proposition de Kersaint a fait naître, dit Buzot, j’ai besoin de garder le sang-froid qui convient à un homme libre. Il ne suffit pas de se dire républicain et de subir sous ce nom de nouveaux tyrans ! Étranger aux partis, je suis arrivé ici avec la confiance que je pourrais y garder l’indépendance de mon âme. Il est bon que je sache ce que je dois attendre ou craindre. Sommes-nous en sûreté ? Existe-t-il des lois contre ceux qui provoquent au meurtre ? Croit-on que nous n’ayons pas apporté une âme républicaine, mais incapable de fléchir sous les menaces, sous les violences d’hommes dont je ne connais ni le but ni les desseins ? On vous demande une