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gence. Sa fortune et celle de son frère et de sa sœur consistaient dans le produit de quelques morceaux de terre affermés en Artois, et dont les fermiers, pauvres eux-mêmes et alliés à sa famille, payaient très-irrégulièrement les arrérages. Son salaire quotidien comme député, pendant l’Assemblée constituante et pendant la Convention, subvenait aux nécessités de trois personnes. Il était forcé d’avoir quelquefois recours à la bourse de ses hôtes et de ses amis. Ses dettes, qui ne s’élevaient cependant qu’à une somme modique de quatre mille francs à sa mort, après six ans de séjour à Paris, attestent l’extrême sobriété de ses goûts et de ses dépenses.

Ses habitudes étaient celles d’un modeste artisan. Il logeait dans une maison de la rue Saint-Honoré, portant aujourd’hui le n° 396, en face de l’église de l’Assomption. Cette maison, basse, précédée d’une cour, entourée de hangars remplis de planches, de pièces de charpente et d’autres matériaux de construction, avait une apparence presque rustique.

Elle appartenait à un menuisier, entrepreneur de bâtiments, nommé Duplay, qui avait adopté avec enthousiasme les principes de la Révolution. Lié avec plusieurs membres de l’Assemblée constituante, Duplay les pria de lui amener Robespierre, et l’entière conformité de leurs opinions ne tarda pas à les unir. Le jour des massacres du Champ de Mars, quelques membres de la Société des amis de la constitution pensèrent qu’il serait imprudent de laisser Robespierre retourner au fond du Marais, à travers une ville encore pleine d’émotion, et de l’abandonner sans défense aux dangers dont on le disait menacé. Duplay offrit alors de lui donner asile, son offre fut acceptée. À partir de ce