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Les départements jaloux des envahissements de Paris sur la nation, l’indignation des hommes de bien soulevée par les massacres de septembre, devaient, selon les Girondins, anéantir la commune, restaurer le pouvoir exécutif et le restituer aux plus dignes et aux plus capables. Cette certitude les avait rendus patients pendant les cinq semaines qui venaient de s’écouler. La Convention arrivait, les départements espéraient tout de cette représentation retrempée dans de si grandes crises. Le ministre de l’intérieur les flattait dans ses circulaires d’un prompt rétablissement de l’ordre. « Vos représentants, leur disait-il, étrangers aux factions qui agitent la capitale, s’éloigneront, en arrivant à Paris, des hommes de sédition, comme Marat et Danton. L’anarchie les repoussera par le dégoût qu’elle inspire aux bons citoyens. » Il leur promettait, de plus, l’appui moral des armées, et de Dumouriez surtout, que sa victoire venait de rendre l’arbitre de la patrie. Santerre, commandant de la garde nationale des sections, appartenait, il est vrai, au parti de la commune par son alliance avec Panis, un des principaux meneurs de ce parti, mais Barbaroux et Rebecqui répondaient des bataillons marseillais vainqueurs du 10 août, selon eux force suffisante pour défendre la Convention contre les faubourgs de Paris. Huit cents nouveaux Marseillais arrivèrent du Midi à leur appel. De plus, Marat faisait horreur, et Danton inspirait l’effroi. Ces considérations, souvent présentées aux Girondins avec la froide autorité de Brissot, l’éloquente indignation de Vergniaud, et passionnées encore par les regards et par l’âme de madame Roland, donnaient à ces jeunes hommes la confiance de la victoire et l’impatience du combat.