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Eh bien ! ayons recours aux mandats d’arrêt du comité de la commune. Dénonçons, arrêtons, entassons dans les cachots ceux que nous voulons perdre. Nous agiterons ensuite le peuple, nous lâcherons nos sicaires, et dans les prisons nous établirons une boucherie de chair humaine où nous pourrons à notre gré nous désaltérer de sang ! (Applaudissements unanimes et réitérés de l’Assemblée et des tribunes.) Et savez-vous, messieurs, comment disposent de la liberté des citoyens ces hommes, qui s’imaginent qu’on a fait la Révolution pour eux, qui croient follement qu’on a envoyé Louis XVI au Temple pour les intrôner eux-mêmes aux Tuileries ? (Applaudissements.) Savez-vous comment sont décernés ces mandats d’arrestation ? La commune de Paris se repose à cet égard sur son comité de surveillance. Ce comité de surveillance, par un abus de tous les principes ou par une confiance criminelle, donne à des individus le terrible droit de faire arrêter ceux qui leur paraîtront suspects. Ceux-ci subdélèguent encore ce droit à d’autres affidés, dont il faut bien servir les vengeances, si on veut qu’ils servent les vengeances de leurs complices. Voilà de quelle étrange série dépendent la liberté et la vie des citoyens ! Voilà entre quelles mains repose la sûreté publique ! Les Parisiens aveuglés osent se dirent libres ! Ah ! ils ne sont plus esclaves, il est vrai, des tyrans couronnés ; mais ils le sont des hommes les plus vils et des plus détestables scélérats ! (Nouveaux applaudissements.) Il est temps de briser ces chaînes honteuses, d’écraser cette nouvelle tyrannie ; il est temps que ceux qui font trembler les hommes de bien tremblent à leur tour ! Je n’ignore pas qu’ils ont des poignards à leurs ordres. Eh ! dans la nuit du 2 septembre, dans cette nuit de proscription, n’a-t-on pas voulu les diri-