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-vous jamais ces hommes pervers qui n’ont pour capter votre confiance que la bassesse de leurs moyens et l’insolence de leurs prétentions ? Citoyens ! lorsque l’ennemi s’avance et qu’un homme, au lieu de vous engager à prendre l’épée pour le repousser, vous engage à égorger froidement des femmes et des citoyens désarmés, celui-là est l’ennemi de votre gloire, de votre salut ! Il vous trompe pour vous perdre. Lorsqu’au contraire un homme ne vous parle des Prussiens que pour vous indiquer le cœur où vous devez frapper, lorsqu’il ne vous pousse à la victoire que par des moyens dignes de votre courage, celui-là est ami de votre gloire, ami de votre bonheur ; il veut vous sauver ! abjurez donc vos dissensions intestines ! allez tous ensemble au camp. C’est là qu’est votre salut !

» J’entends dire chaque jour : « Nous pouvons éprouver une défaite. Que feront alors les Prussiens ? » Viendront-ils à Paris ? Non, si Paris est dans un état de défense respectable, si vous préparez des postes où vous puissiez opposer une forte résistance ; car alors l’ennemi craindrait d’être poursuivi et enveloppé par les débris mêmes des armées qu’il aurait vaincues, et d’en être écrasé comme Samson sous les ruines du temple qu’il renversa. Au camp donc, citoyens ! au camp ! Eh quoi ! tandis que vos frères, vos concitoyens, par un dévouement héroïque, abandonnent ce que la nature doit leur faire chérir le plus, leurs femmes, leurs enfants, leurs foyers, demeurerez-vous plongés dans une molle oisiveté ? N’avez-vous d’autre manière de prouver votre zèle que de demander comme les Athéniens : « Qu’y a-t-il aujourd’hui de nouveau ? » Au camp, citoyens ! au camp ! Tandis que vos frères arrosent peut-être de leur sang les plaines de la Champagne, ne craignons