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que le pouvoir exécutif fût affermi dans les mains du gouvernement central. Les Girondins se promirent de soutenir énergiquement leur ministre dans ses projets et de refréner enfin les usurpations de la commune de Paris. C’était déclarer la guerre à Danton, à Robespierre et à Marat, qui régnaient à l’hôtel de ville.

Cette restauration du pouvoir national était difficile et périlleuse pour les Girondins qui l’entreprenaient. Roland, gémissant sur les excès de septembre sans avoir la force nécessaire à leur répression, avait écrit deux fois à l’Assemblée législative pour appeler la vengeance des lois sur les provocateurs et les auteurs de ces assassinats. Ces protestations courageuses, si on considère qu’elles étaient écrites sous le couteau des égorgeurs et dans un conseil de ministres où siégeait Danton, étaient cependant pleines d’excuses sur les crimes accomplis et de concessions déplorables à la fureur du peuple ; mais elles demandaient le respect pour la vie et les propriétés des citoyens. Elles indiquaient dans Roland un censeur et non un complice de la commune. C’était assez pour le signaler ainsi que sa femme à la haine et aux piques des assassins.

En effet, le comité de surveillance de la commune avait eu l’audace d’ordonner l’arrestation de Roland. Danton, informé de cet excès de scandale, et sachant mieux que personne qu’un décret d’arrestation était un arrêt de mort pendant ces journées, était accouru au conseil de surveillance, avait tancé le comité et déchiré l’ordre d’arrestation. Ministre lui-même, il avait senti qu’un pouvoir occulte qui allait jusqu’à ordonner l’emprisonnement et la mort d’un ministre le touchait de trop près pour ne pas réprimer un tel attentat.