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seul, s’il le fallait, le silence, l’étonnement et les murmures de la Gironde.


X

Le soir, ainsi qu’il avait été convenu, Collot-d’Herbois donna, en entrant à la séance, le mot d’ordre aux impatients. Ils se tinrent prêts à lui faire écho. Un mot qui éclate dans l’indécision d’une assemblée emporte les résolutions. Aucune prudence ne peut contenir ce qui est dans la pensée de tous. À peine Collot-d’Herbois eut-il demandé l’abolition de la royauté, qu’une acclamation, en apparence unanime, s’éleva de toutes les parties de la salle et attesta que la voix d’un seul avait prononcé le mot de la nécessité. Quinette et Bazire ayant demandé, par respect pour la nouvelle institution, que la gravité des formes et la solennité de la réflexion présidassent à la proclamation de la république : « Qu’est-il besoin de délibérer, s’écria Grégoire, quand tout le monde est d’accord ! Les rois sont dans l’ordre moral ce que les monstres sont dans l’ordre physique. Les cours sont l’atelier de tous les crimes. L’histoire des rois est le martyrologe des nations ! » Le jeune Ducos, de Bordeaux, l’ami et l’élève de Vergniaud, sentant qu’il fallait confondre la voix de son parti dans la voix générale, pour que le peuple ne pût distinguer ni le premier ni le dernier dans ce vote : « Rédigeons à l’instant le décret, dit-il, il n’a pas besoin de considérants, après les lumières que le