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une royauté constitutionnelle, représentative, où le roi ne sera qu’un premier magistrat héréditaire, chargé d’exécuter passivement les volontés du peuple ? Mais quelle force et quelle utilité aurait jamais une telle institution ? Nous venons d’en faire l’expérience et nos enfants la feraient après nous. De deux choses l’une : ou ce roi constitutionnel aura un droit propre et une volonté personnelle, ou il n’en aura aucun. S’il a un droit propre et une volonté personnelle, ce droit et cette volonté du roi, en opposition souvent, et en lutte quelquefois, avec la volonté du peuple, n’auront fait qu’enfermer un germe de contradiction, de guerre intestine et de mort dans la constitution. Le gouvernement, au lieu d’être l’harmonie et l’unité, sera l’antagonisme et la guerre. Ce sera l’anarchie constituée au sommet pour commander l’ordre et la paix en bas. Contresens.

» Ou le roi n’aura point d’autorité ni de volonté personnelle. Et alors, impuissant, inutile et méprisé, il ne sera que l’aiguille dorée qui marque l’heure sur le cadran de la constitution, mais qui n’en règle et n’en modère en rien le mécanisme. Dérision du titre de roi et avilissement du signe du pouvoir.

» Mais ce n’est pas tout. Ou ce roi représentatif sera un être nul, un fantôme, ou il sera un homme capable et ambitieux : si c’est un être nul et un vain fantôme, à quoi servira-t-il, si ce n’est à déconsidérer son rang et à traduire votre royauté en pitié et en risée aux yeux du peuple ? mais, si c’est un homme capable et ambitieux, quel danger vivant et permanent ne créez-vous pas de vos propres mains pour l’égalité et la liberté de la nation !

» Honorée du nom et du signe du pouvoir suprême, sans