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V

D’un autre côté, le républicanisme, dont la Convention sentait en elle la mission, disait à l’âme des conventionnels : « Il faut en finir avec les trônes ! La Révolution a pour mission de substituer la raison au préjugé, le droit à l’usurpation, l’égalité au privilége, la liberté à la servitude dans le gouvernement des sociétés, en commençant par la France. La royauté est un préjugé et une usurpation subis depuis des siècles par l’ignorance et par la lâcheté des peuples. L’habitude seule en a fait un droit. La royauté absolue, c’est un homme peuple se substituant à l’humanité souveraine ; c’est le genre humain abdiquant ses titres, ses droits, sa raison, sa liberté, sa volonté, ses intérêts entre les mains d’un seul. C’est faire, par une fiction, un dieu là où la nature n’a fait qu’un homme. C’est dégrader, déposséder, découronner des millions d’hommes égaux en droits, quelquefois même supérieurs en intelligence et en vertu, pour en grandir et pour en couronner un seul. C’est assimiler une nation à la glèbe qu’elle foule, et donner sa civilisation, ses générations et ses siècles en propriété à une famille qui disposera de l’héritage de Dieu.

» Transigerons-nous avec cette habitude de la royauté et conserverons-nous le nom en supprimant la chose ? Créerons-nous, pour complaire à la multitude routinière,