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Temple, interrogèrent le roi, affectèrent d’apporter de respectueux adoucissements à sa captivité, et remirent à Danton un procès-verbal qui témoignait de ses marques d’intérêt pour la famille royale. Ces démarches, connues dans Paris, et coïncidant avec l’évacuation du territoire, accréditèrent le bruit d’une correspondance secrète entre Louis XVI et le roi de Prusse, dont Manuel eût été l’intermédiaire, correspondance qui avait pour objet d’obtenir la retraite des Prussiens en retour de la vie qu’on garantirait à Louis XVI. Cette correspondance n’a jamais existé. Les agents de Louis XVI au camp du roi de Prusse, MM. de Breteuil, de Calonne, de Bombelles, de Moustier, le maréchal de Broglie et le maréchal de Castries, ne cessèrent jusqu’au 29 d’implorer la bataille et la marche sur Paris, seul salut pour le roi de France.

Westermann cependant partit de Paris avec cette pièce destinée à endormir les remords d’honneur du roi de Prusse. Dumouriez la fit porter au quartier général prussien par son confident intime, le colonel Thouvenot. Thouvenot, chargé des pleins pouvoirs de son général et de son ami, donna verbalement au duc de Brunswick l’assurance des dispositions personnelles de Dumouriez : « Il est résolu à sauver le roi et à régulariser la Révolution, dit le colonel Thouvenot ; il se déclarera pour le rétablissement de la monarchie quand il en sera temps et quand il aura disposé son armée à lui obéir, et Paris à trembler devant lui. Mais il lui faut pour cela une immense popularité. L’évacuation volontaire du territoire par le roi de Prusse ou une victoire décisive sur votre armée peuvent seules lui donner cette popularité. Il est prêt à la bataille comme à la négociation. Choisissez. »