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VI

Le marquis de Bombelles avait été envoyé au quartier général, par le baron de Breteuil, pour y veiller aux intérêts de Louis XVI. Les conseils se multipliaient sous la tente du roi de Prusse. Les princes français proposaient de marcher sur Châlons. Le roi penchait vers les partis courageux et décisifs. Le duo s’opposait énergiquement à cette marche en avant. Il représentait l’éloignement de Verdun, arsenal et magasin de l’armée ; les communications difficiles et lentes, la saison avancée, les maladies croissantes, les confédérés perdant tous les jours de leur nombre, les Français se recrutant sur leur propre sol, les défilés de Grandpré impossible à repasser sans désastre, si l’armée battue avait à reconquérir sa route vers l’Allemagne. Il concluait à attendre le résultat des négociations, sachant bien que la seule attente, en accroissant le péril, donnerait plus de force au parti de la retraite. Ainsi s’écoulaient les jours, et les jours étaient des forces. Le roi commençait à faiblir. Il était évident qu’il ne cherchait plus dans les termes de la négociation qu’un prétexte pour couvrir l’honneur de ses armes, et qu’il se contenterait des garanties les plus illusoires sur la vie et sur la liberté de Louis XVI. Dumouriez et Danton les lui donnèrent.

Westermann, renvoyé à Paris, présenta confidentiellement à Danton la véritable situation des esprits dans les