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secrétaire privé du conseil du roi de Prusse, Lombard, sur l’ordre du roi et avec la connivence du duc de Brunswick, feignit de tomber avec quelques voitures des équipages dans une patrouille de hussards français, fut amené au quartier général, et eut un entretien nocturne avec Dumouriez, dont il a révélé plus tard les circonstances. La délivrance de Louis XVI de sa captivité dans la tour du Temple et le rétablissement de la monarchie constitutionnelle en France étaient, de la part du roi de Prusse, les deux conditions préalables de la négociation. Dumouriez professait les mêmes principes, confessait les mêmes désirs, et engageait sa parole personnelle de concourir par tous ses efforts à cette restauration ; « mais il se perdait inutilement, ajoutait-il, s’il contractait de pareils engagements dans un traité secret. Sa popularité naissante n’avait pas encore assez de force pour porter de pareilles résolutions. La Convention venait de déclarer d’enthousiasme et à l’unanimité que jamais elle ne reconnaîtrait de roi. Le seul moyen de donner à Dumouriez le crédit sur la nation nécessaire au salut du roi, c’était de le présenter à la France comme le libérateur de sa patrie, comme le pacificateur de la Révolution. La retraite des armées étrangères du territoire français était le premier pas vers l’ordre et vers la paix. » Pressé par Lombard d’accepter une conférence avec le duc de Brunswick, le général s’y refusa ; mais il remit à ce négociateur un mémoire raisonné pour le roi de Prusse. Dans ce mémoire il exposait à ce prince les motifs et la possibilité d’une alliance d’intérêts avec la France. Il s’efforçait de lui démontrer les dangers d’une coalition avec l’empereur, alliance qui, en épuisant la Prusse d’hommes et d’argent, ne pouvait profiter qu’à