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milieu des blessés et des morts, mais comptant avec raison cette canonnade de dix heures pour une victoire. Il avait fait entendre pour la première fois à l’armée le bruit de la guerre et éprouvé le patriotisme français au feu de cent vingt pièces de canon. Le nombre et la situation des troupes ne permettaient pas davantage. Ne pas être vaincu, pour l’armée française, c’était vaincre. Kellermann le sentit avec une telle ivresse qu’il voulut confondre plus tard son nom dans le nom de Valmy, et qu’après une longue vie et d’éclatantes victoires il légua, dans son testament, son cœur au village de ce nom, pour que la plus noble part de lui-même reposât sur le théâtre de sa plus chère gloire, à côté des compagnons de son premier combat.

Pendant que l’armée française combattait et triomphait à Valmy, la Convention, comme nous l’avons vu, décrétait la république à Paris. Le courrier qui portait à l’armée la nouvelle de la proclamation de la république et le courrier qui portait à Paris la nouvelle de l’échec de la coalition se croisèrent aux environs de Châlons. Ainsi la victoire et la liberté se rencontraient, comme pour présager à la France que la fortune lui serait fidèle si elle restait fidèle elle-même à la cause du peuple et aux principes de 89.


XVI

Dumouriez était rentré dans son camp au bruit des derniers coups de canon de Kellermann. Tout en se félicitant