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l’armée entière en deçà et au delà de cette route. À sept heures, le brouillard s’étant soudainement dissipé laissa voir aux deux généraux leur situation réciproque.


IX

L’armée de Kellermann était accumulée en masse sur le plateau et en arrière du moulin de Valmy. Cette position aventurée s’avançait comme un cap au milieu des lignes de baïonnettes prussiennes. Le général Chazot n’était pas encore arrivé avec ses vingt-six bataillons pour flanquer la gauche de Kellermann. Le général Leveneur, qui devait flanquer sa droite et la relier à l’armée de Dumouriez, s’avançait avec hésitation et à pas lents, craignant d’attirer par son faible corps tout le poids des masses prussiennes qu’il apercevait en bataille devant lui. Le général Valence, commandant la cavalerie de Kellermann, se déployait sur une seule ligne avec un régiment de carabiniers, quelques escadrons de dragons et quatre bataillons de grenadiers, entre Gizaucourt et Valmy, masquant ainsi tout l’intervalle que Kellermann ne pouvait couvrir et où ce général était attendu. Les lignes de Kellermann se formaient au centre sur les hauteurs. Sa nombreuse artillerie hérissait de ses pièces les abords du moulin de Valmy, centre et clef de sa position. Presque enveloppé par les lignes demi-circulaires et toujours grossissantes de l’ennemi, embarrassé, sur cette élévation trop étroite, de ses vingt-deux mille hommes, de