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mant partout la trahison de Dumouriez et demandant sa tête. Ces bataillons étaient ceux qui avaient ensanglanté dans leur marche les villes de Meaux, de Soissons et de Reims.

Dumouriez redoutait pour l’armée le contact et la contagion de pareilles bandes. Elles semaient la sédition partout où elles avaient été recrutées. Les vrais soldats les méprisaient. Héros de carrefours, traînards d’armée, ardents à l’émeute, lâches au combat. Dubouquet reçut l’ordre d’en laisser écouler la lie et d’en retirer seulement ce petit nombre d’hommes jeunes et braves qu’un véritable enthousiasme patriotique avait portés à s’enrôler. Il devait les réunir en réserve sous Châlons, les organiser, les armer, les aguerrir et les tenir sous sa main, mais hors du camp de Dumouriez.

Le général Stengel, après avoir ravagé le pays entre l’Argonne et Sainte-Menehould pour affamer les Prussiens, se replia au delà de la Tourbe, et se posta avec l’avant-garde sur les monticules de Lyron, en face des collines de la Lune, où le duc de Brunswick s’était établi. Le camp de Dampierre, séparé de celui de Dumouriez par les branches et les marécages de l’Auve, fut désigné à Kellermann. Mais, soit qu’il se trompât sur l’emplacement du camp qu’on lui avait tracé, soit qu’il voulût marquer son indépendance dans le concours même qu’il apportait à son collègue, Kellermann dépassa le camp de Dampierre et plaça son armée entière, tentes, équipages, artillerie, sur les hauteurs de Valmy, en avant du camp de Dampierre, à la gauche de celui de Sainte-Menehould. La ligne de campement de Kellermann, plus rapprochée de l’ennemi par son extrémité gauche, touchait par son extrémité droite à la