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de notre indépendance, pour que ce nom, retentissant en Amérique, lui préparât dans sa patrie la popularité, la gloire et le rôle d’un La Fayette. Miranda, dès le premier jour de son arrivée au camp, montra cette valeur d’aventurier qui naturalise l’étranger dans une armée. Un autre étranger, le jeune Macdonald, issu d’une race militaire d’Écosse transplantée en France depuis la révolution de son pays, était aide de camp de Dumouriez. Il apprenait au camp de Grandpré, sous son chef, comment on sauve une patrie. Il apprit plus tard, sous Napoléon, comment on l’illustre ; maréchal de France à la fin de sa vie, héros à son premier pas.


III

Dumouriez amortissait, dans cette position, le choc des quatre-vingt-dix mille hommes que le roi de Prusse et le duc de Brunswick massaient au pied de l’Argonne. Il usait le temps, ce précieux élément du succès dans les guerres d’invasion. Tranquille sur son front défendu par cinq lieues de bois et de ravins infranchissables ; tranquille sur sa droite couverte par les corps de Dillon et bientôt fortifiée par les vingt mille hommes de Kellermann ; tranquille sur sa gauche garantie de toute surprise par les détachements qu’il avait placés aux quatre défilés de l’Argonne, par le corps de Miaczinski qui le flanquait à Sedan, et par l’armée du camp de Maulde que son ami le jeune et vaillant