Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mensonge de plus, disent les bourreaux au supplicié, va brûler avec les autres. » Ils rejettent le prêtre dans le bûcher. Ces incendiaires d’hommes finissent par se brûler entre eux. Un ouvrier tisseur, nommé Laurent, dresse la liste de ceux qu’on destine au supplice. Il y inscrit un marchand, son voisin, dont le crime était d’avoir refusé de donner ses marchandises à crédit à Laurent. Le marchand, agent secret d’Armonville, est informé du piége qu’on lui dresse. Il va se plaindre à son patron. Armonville efface le nom du marchand et inscrit son dénonciateur à sa place. Au moment où Laurent désigne son ennemi pour le bûcher, on le saisit lui-même et on le lance dans les flammes aux éclats de rire de ses complices. Son sang impur éteignit le bûcher. La terreur fut si servile à Reims et le nom d’Armonville intimida tellement la conscience publique, que la ville nomma, quelques jours après, ce proscripteur pour son représentant à la Convention.


III

Le doigt des exterminateurs ne pouvait oublier les prisons de la haute cour nationale d’Orléans. Soixante-deux accusés du crime de lèse-nation les peuplaient. Les plus présents à la mémoire du peuple étaient le vieux duc de Brissac, commandant de la garde du roi, et M. de Lessart, ministre proscrit par les Girondins. Des évêques, des magistrats, des généraux dénoncés par leur département ou