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sa mort n’ajoutait rien à sa fortune. Au moment de l’assassinat, le duc et la duchesse d’Orléans étaient séparés de biens juridiquement. Le douaire de madame de Lamballe ne grevait les biens futurs de la duchesse d’Orléans que d’une faible rente de trente mille francs par an. Ce prix du sang était au-dessous d’un assassinat et ne revenait pas même à l’assassin. On rejetait sur le duc d’Orléans tous les crimes auxquels on était embarrassé d’assigner une cause : triste condamnation d’une mauvaise renommée. On surprit souvent sa main dans les égarements du peuple, on crut la surprendre dans ce sang : elle n’y était pas.


XIX

Quand la nuit fut venue, un inconnu, qui suivait pieusement de halte en halte le cortége, acheta des assassins à prix d’or la tête de la princesse encore ornée de sa longue chevelure. Il la purifia du sang et de la boue qui souillaient ses traits, scella la tête dans un coffre de plomb et la remit aux serviteurs du duc de Penthièvre, pour que cette partie de son beau corps reçut au moins la sépulture dans le tombeau de sa famille. Le duc de Penthièvre attendait dans l’angoisse les nouvelles que la rumeur publique apportait jusqu’à son château de Bizy. À la réception de ces chères dépouilles, sa fille, épouse du duc d’Orléans, et ses serviteurs essayèrent en vain de composer leur visage pour