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mation d’un camp sous Paris et la permanence des séances de l’Assemblée. L’Assemblée procède à la nomination des ministres.

Roland, Clavière et Servan, les trois ministres girondins renvoyés, furent réintégrés sans scrutin, sur la proposition de Brissot. Leur nomination était une vengeance de leur destitution par le roi. Danton fut nommé ministre de la justice, Monge ministre de la marine, Lebrun des affaires étrangères, Grouvelle secrétaire du Conseil des ministres. Monge était un mathématicien illustre, Lebrun un homme de chancellerie versé dans la diplomatie, Grouvelle un lettré subalterne et ambitieux. À neuf heures du soir le gouvernement fut constitué. Les Girondins y dominaient par Roland, Clavière, Servan, Lebrun. La commune les contre-balançait par Danton seul.

À peine nommé, Danton courut au conseil de l’hôtel de ville faire hommage à ses complices du pouvoir qu’il venait de conquérir pour eux : « J’ai été porté au ministère par un boulet de canon, dit-il à ses affidés. Je veux que la Révolution entre avec moi au pouvoir. Je suis fort par elle ; je périrais en m’en séparant. » Il appela Fabre d’Églantine et Camille Desmoulins aux deux premiers emplois du ministère : Fabre d’Églantine, complaisant de son esprit ; Camille Desmoulins, courtisan de sa force !

L’Assemblée fit rédiger l’analyse de ses décrets du jour et envoya des commissaires les publier, aux flambeaux, dans toutes les rues de Paris.