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comme des gladiateurs, étudier le supplice lui-même dans l’attitude de ceux qui mouraient avant eux, et, pour ainsi dire, répéter la mort. Ils remarquèrent, en regardant par une lucarne élevée, que ceux qui étendaient les mains en avant, par le geste naturel de l’homme menacé au visage, mouraient deux fois au lieu d’une, parce qu’ils étaient hachés avant d’être morts. Ceux, au contraire, qui croisaient leurs bras sur leur poitrine et qui marchaient au fer, tombaient sous des coups plus sûrs et ne se relevaient plus. Ils résolurent en masse de mourir ainsi.


XII

Quelques-uns préférèrent se choisir à eux-mêmes leur mort et trouvèrent plus doux de la devancer que de l’attendre. Ils se brisèrent la tête contre des serrures de fer, contre l’angle aigu des pierres de taille. Ils s’enfoncèrent dans le cœur des couteaux mal aiguisés qu’ils avaient soustraits, la veille, aux recherches des geôliers. M. de Chantereine, colonel de la garde constitutionnelle du roi, se frappa de trois coups de stylet et tomba en s’écriant : « Mon Dieu ! je vais à vous ! »

M. de Montmorin, l’ancien ministre de Louis XVI, avait été interrogé à l’Assemblée, quelques jours auparavant. Brissot, Guadet, Vergniaud, Gensonné, ses ennemis, avaient abusé de la victoire du 10 août contre cet homme d’État retiré des affaires et que leur animosité aurait dû