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par une tempête, ballotté plusieurs semaines sur les côtes d’Afrique, il arrive trop tard à Marseille : le traité de la France avec Gênes était signé. Il descend à Paris chez son ami Favier.

Favier lui confie qu’il est chargé de rédiger un mémoire pour démontrer au roi et aux ministres la nécessité de soutenir la république de Gênes contre les indépendants corses ; que ce mémoire lui a été demandé secrètement par l’ambassadeur de Gênes et par une femme de chambre de la duchesse de Grammont, sœur favorite du duc de Choiseul, intéressée, ainsi que les frères de la du Barry, dans les fournitures de l’armée ; que cinq cents louis sont pour lui le prix de ce mémoire et du sang des Corses ; il offre une part de l’intrigue et des bénéfices à Dumouriez. Celui-ci feint d’accepter, vole chez le duc de Choiseul, lui révèle la manœuvre, en est bien accueilli, croit avoir convaincu le ministre, et se prépare à repartir pour porter aux Corses les subsides et les armes attendus. Le lendemain il trouve le ministre changé. Chassé de son audience avec des paroles outrageantes, Dumouriez se retire et passe en Espagne secrètement. Secouru par Favier, qui se contentait de l’avoir joué et qui avait pitié de sa candeur ; assisté par le duc de Choiseul, il conspire avec le ministre espagnol et l’ambassadeur de France la conquête du Portugal, dont il est chargé d’étudier militairement la topographie et les moyens de défense. Le marquis de Pombal, premier ministre de Portugal, conçoit des soupçons sur la mission de Dumouriez, et l’oblige à quitter Lisbonne. Le jeune diplomate revient à Madrid, apprend que sa cousine, captée par les religieuses de son couvent, l’abandonne et va prononcer ses vœux. Il s’attache à une autre maîtresse, jeune