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-supérieurs à son rôle obscur et à sa considération discréditée ; il était en quelque sorte le ministre des hautes intrigues de son temps.


IV

Dumouriez, voyant les grandes voies de la fortune fermées devant lui, résolut de s’y jeter par les voies obliques ; il s’attacha à Favier. Favier s’attacha à lui, et c’est dans ce commerce de ses premières années que Dumouriez contracta ce caractère d’aventure et de témérité qui donna toute sa vie à son héroïsme et à sa politique quelque chose d’habile comme l’intrigue et d’inconsidéré comme le coup de main. Favier l’initia aux secrets des cours, et engagea Louis XV et le duc de Choiseul à employer les talents de Dumouriez dans la diplomatie et dans la guerre à la fois.

C’était le moment où le grand patriote corse Paoli s’efforçait d’arracher son pays à la tyrannie de la république de Gênes, et d’assurer à ce peuple une indépendance dont il offrait tour à tour le patronage à l’Angleterre et à la France. Arrivé à Gênes, Dumouriez entreprend de déjouer à la fois la république, l’Angleterre et Paoli ; il se lie avec des aventuriers corses, conspire contre Paoli, fait une descente dans l’île, qu’il appelle à l’indépendance, et réussit à demi. Il se jette dans une felouque pour venir apporter au duc de Choiseul les renseignements sur la nouvelle situation de la Corse, et implorer le secours de la France. Retardé