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IV

Cependant cette catastrophe semblait inexplicable aux hommes de l’art, les politiques y soupçonnaient un mystère, et le peuple parlait de poison ; ces bruits d’empoisonnement n’ont été ni confirmés ni démentis par le temps. L’opinion la plus probable est que le prince, acharné au plaisir, avait fait, pour exciter en lui la nature, un usage immodéré de drogues qu’il composait lui-même, et que ses passions lui rendaient nécessaires quand ses forces physiques ne répondaient pas à l’ardeur de son imagination. Lagusius, son médecin ordinaire, qui avait assisté à l’autopsie du cadavre, affirmait le poison. Qui l’aurait donné ? Les Jacobins et les émigrés se renvoyaient le crime : ceux-là l’auraient commis pour se débarrasser du chef armé de l’Empire, et pour jeter ainsi l’anarchie dans la fédération de l’Allemagne, dont l’empereur était le lien ; ceux-ci auraient frappé dans Léopold le prince philosophe qui pactisait avec la France et qui retardait la guerre. On parlait d’une femme remarquée par Léopold au dernier bal masqué de la cour. Cette inconnue, à la faveur de son déguisement, lui aurait présenté des sucreries empoisonnées, sans qu’on pût retrouver la main qui lui avait offert la mort. D’autres accusaient la belle Florentine donna Livia, sa maîtresse, instrument, selon eux, du fanatisme de quelques prêtres. Ces anecdotes sont les chimères de l’étonnement et