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avec de grands cris sous la voûte ; là, quelques hommes féroces, arrachant les Suisses des mains des premiers assaillants, assommèrent ces soldats sans armes à coups de massue en présence de leurs camarades. Un premier coup de feu partit au même moment de la cour ou d’une fenêtre, les uns disent du fusil d’un Suisse, les autres du pistolet d’un Marseillais. Ce coup de feu fut le signal de l’engagement.


XI

À cette explosion, les capitaines de Durler et de Reding, qui commandaient le poste, rangent leurs soldats en bataille derrière la barrière, les uns sur les marches de l’escalier, les autres sur le perron de la chapelle qui domine ces marches, le reste sur la double rampe de l’escalier à deux branches qui part du perron de la chapelle pour monter à la salle des Gardes : position formidable, qui permet à cinq feux de se croiser et de foudroyer le vestibule. Le peuple, refoulé par le peuple, ne peut l’évacuer. La première décharge des Suisses couvre de morts et de blessés les dalles du péristyle. La balle d’un soldat choisit et frappe un homme d’une taille gigantesque et d’une grosseur énorme, qui venait d’assommer à lui seul quatre des factionnaires désarmés. L’assassin tombe sur le corps de ses victimes. La foule épouvantée fuit en désordre jusqu’au Carrousel. Quelques coups de fusil partis des fenêtres atteignent le