Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 10.djvu/424

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les murailles seules de ce palais, qu’on avait si souvent dépeint comme le foyer des conspirations et l’arsenal du despotisme, imprimaient au peuple une terreur qui ralentissait l’investissement.


X

À neuf heures dix minutes, les portes de la cour Royale furent enfoncées sans que la garde nationale fît aucune démonstration pour les défendre. Quelques groupes du peuple pénétrèrent dans la cour, mais sans approcher du château. On s’observait, on échangeait de loin des paroles qui n’avaient rien de la menace ; on semblait attendre d’un commun accord ce que l’Assemblée déciderait du roi. Les colonnes du faubourg Saint-Antoine n’étaient pas encore au Carrousel. Aussitôt qu’elles commencèrent à déboucher du quai sur cette place, Westermann ordonna aux Marseillais de le suivre. Il entra le premier, à cheval, le pistolet à la main, dans la cour. Il forma sa troupe lentement et militairement en face du château. Les canonniers, passant aussitôt à Westermann, retirèrent les quatre pièces de canon qui étaient braquées contre l’entrée de la cour et les tournèrent contre la porte du palais. Le peuple répondit à cette manœuvre par des acclamations de joie. On embrassait les canonniers ; on criait : « À bas les Suisses ! Il faut que les Suisses rendent les armes au peuple ! »

Mais les Suisses, impassibles aux portes et aux fenêtres