VII
L’abbé Bougon fut saisi avant lui. C’était un auteur dramatique. Homme à la taille colossale et aux bras de fer, l’abbé Bougon lutta avec l’énergie du désespoir contre les égorgeurs. Il en entraîna plusieurs dans sa chute. Accablé par le nombre, il fut mis en pièces.
M. de Solminiac, ancien garde du roi, périt le second, puis deux autres. Ceux qui attendaient leur sort dans le corps de garde entendaient les cris et les luttes de leurs compagnons. Ils mouraient dix fois. On appela Suleau. On l’avait dépouillé au poste de son bonnet de grenadier, de son sabre et de sa giberne. Ses bras étaient libres. Une femme l’indiquant à Théroigne de Méricourt, qui ne le connaissait pas de visage, mais qui le haïssait de renommée et qui brûlait de tirer vengeance des risées auxquelles elle avait été livrée par sa plume, Théroigne le saisit par le collet et l’entraîne. Suleau se dégage. Il arrache un sabre des mains d’un égorgeur, il s’ouvre un passage vers la rue, il va s’échapper. On court, on le saisit par derrière, on le renverse, on le désarme, on lui plonge la pointe de vingt sabres dans le corps : il expire sous les pieds de Théroigne. On lui coupe la tête, on la promène dans la rue Saint-Honoré.
Le soir, un serviteur dévoué racheta à prix d’or cette tête des mains d’un des meurtriers, qui en avait fait un tro-