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missaires à l’hôtel de ville, pour remplacer le conseil de la commune par une commune insurrectionnelle. Le mandat unanime et concerté de ces commissaires était de prendre toutes les mesures que commanderaient le salut de la patrie et la conquête de la liberté. Ces commissaires, réunis sans opposition à l’hôtel de ville, au nombre de cent quatre-vingt-douze membres, se constituèrent dictatorialement en municipalité, conservèrent dans leur sein Pétion, Danton, Manuel, nommèrent pour leur président provisoire Huguenin, du faubourg Saint-Antoine, l’orateur de la pétition du 20 juin. Tallien, jeune patriote de vingt-cinq ans, et rédacteur d’un journal intitulé l’Ami des Citoyens, fut élu secrétaire de la commune. Cette municipalité devint, dès onze heures du soir, le comité dirigeant des mouvements du peuple et le gouvernement de l’insurrection. Pétion, dans un état d’arrestation simulée, pour sauver en lui la pudeur de la loi, ne prit plus part aux actes de la nuit.


IV

Le commandant général Mandat, homme confiant et qui répondait toujours hardiment du roi au peuple et du peuple au roi, acheva ses dernières dispositions sur la foi des ordres que Pétion lui avait signés comme maire de Paris. Mandat envoya cinq cents hommes avec du canon à l’hôtel de ville pour garder le passage de l’arcade Saint-Jean, par laquelle devait déboucher la colonne du faubourg Saint--