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La seconde séance eut lieu le 4 août au Cadran bleu, sur le boulevard de la Bastille. Camille Desmoulins, l’agent et la plume de Danton, y assista. À huit heures du soir les conjurés, n’ayant pu rien résoudre, se transportèrent, pour de plus complètes informations, dans la chambre d’Antoine, l’ex-constituant, rue Saint-Honoré, vis-à-vis l’église de l’Assomption, dans la même maison qu’habitait Robespierre. Madame Duplay, passionnément dévouée aux idées de Robespierre, et tremblante de voir les jours de son hôte compromis par un conciliabule qui désignerait sa maison comme un foyer d’insurrection, monta chez Antoine vers minuit, et lui demanda avec colère s’il voulait faire égorger Robespierre. « Il s’agit bien de Robespierre ! répondit Antoine. Qu’il se cache s’il a peur ! Si quelqu’un doit être égorgé, ce sera nous. »

Carra écrivit de sa main, chez Antoine, le dernier plan de l’insurrection, la marche des colonnes, l’attaque du château. Simon de Strasbourg copia ce plan et en envoya, à minuit, des copies chez Santerre et chez Alexandre, les deux commandants des faubourgs. L’insurrection, mal préparée, fut encore ajournée au 10. Enfin, dans la nuit du 9 au 10, les membres du directoire se subdivisèrent en trois noyaux insurrectionnels et se réunirent en trois endroits différents à la même heure, savoir : Fournier l’Américain avec Alexandre au faubourg Saint-Marceau ; Westermann, Santerre et deux autres au faubourg Saint-Antoine ; Carra et Garin à la caserne des Marseillais et dans la chambre même du commandant, où ils délibérèrent sous les yeux de sa troupe. Des réunions de royalistes, pour concerter le salut du roi, avaient lieu pendant la même nuit à quelques pas de ces conciliabules. Un émissaire d’une de ces réu-