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département, insinua que la division existait entre les citoyens mêmes appelés à défendre l’ordre, et enveloppa sa complicité avec les Girondins de ces paroles ambiguës qui ont un sens différent selon l’oreille à laquelle on les adresse. Les Girondins comprirent ces paroles comme un encouragement à leur entreprise, les constitutionnels comme un aveu d’impuissance. Pétion se retira dans sa popularité. L’Assemblée ne conclut rien.


IV

Pendant cette indécision calculée de la municipalité et des Girondins, un directoire secret, connu de Pétion, et qu’il avoue lui-même avoir concerté longtemps d’avance le plan de l’insurrection du 10 août, agissait dans l’ombre.

Il y avait à Paris un comité central composé de quarante-trois chefs des fédérés de Paris et des départements, réunis sous les auspices et dans l’enceinte des Jacobins, pour se concerter entre eux sur la direction à imprimer aux mouvements. C’était le quartier général de ce camp de la Révolution. Trop nombreux pour que ses réunions pussent avoir le mystère et l’unité nécessaires aux conjurations, ce comité choisit dans son sein un directoire exécutif secret de cinq membres, d’une résolution et d’une capacité avérées. Il leur donna la direction des résolutions et des préparatifs. Ces cinq membres étaient : Vaugeois, grand vicaire de l’évêque de Blois ; Debessé, fédéré de la Drôme ; Guillaume, pro-