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chez Vaublanc, forcèrent sa porte, le cherchèrent en vain dans la maison, et déclarèrent en se retirant que si cet orateur remontait à la tribune, il serait massacré en descendant. Vaublanc y remonta le soir même pour y dénoncer ces tentatives d’intimidation. Homme d’un esprit droit, d’une parole facile et sonore, d’une intrépidité antique, s’il n’avait pas l’éloquence d’un orateur de premier ordre, il avait le dévouement d’un citoyen. Il luttait seul et toujours vaincu contre les Girondins. « Je défie toute violence, dit-il, de nous faire manquer à nos serments à la constitution. Je défie l’imagination la plus barbare de se figurer les traitements indignes dont quelques-uns de nos collègues ont été hier les victimes… Eh quoi ! ajouta-t-il, si un de vos ambassadeurs était avili dans une cour étrangère, vous tireriez l’épée pour venger la France outragée en lui ; et vous souffrez que les représentants de la France souveraine et libre soient traités sur le sol de la patrie comme ils ne le seraient pas chez les Autrichiens ou chez les Prussiens ! »

Grangeneuve et Isnard justifièrent Pétion par son impuissance, et accusèrent les aristocrates d’être les instigateurs de ces excès. Guadet fit la proposition dérisoire de demander au roi s’il avait des moyens de sauver l’ordre public et de protéger l’empire. Les risées et les applaudissements de la gauche indiquèrent à Guadet qu’il était compris. Rœderer, procureur-syndic du département, mandé à la barre, ne dissimula rien des dangers publics. Il annonça que le tocsin devait sonner, la nuit, dans les deux quartiers de l’insurrection. Il parla des mesures prises et des forces insuffisantes pour résister au mouvement. Pétion, cité aussi, succéda à Rœderer, justifia la mairie, accusa le