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habit de paysan, est sorti du château ; il s’est acheminé vers le pont tournant en suivant la grande allée des Tuileries. La stature du monarque ne permet guère de le méconnaître. La sentinelle l’a reconnu sur-le-champ. Elle a crié aux armes. Le prince fugitif est retourné à toutes jambes vers le château ; il a écrit à l’instant au maire, qui s’est rendu au château. Le roi lui a raconté l’événement à sa manière. Suivant lui, il n’aurait tenté qu’une simple promenade. On dit que M. de La Rochefoucauld l’attendait au château pour le conduire en lieu de sûreté. » Le ministre attestait que le roi n’était pas sorti du château pendant la nuit, et que sa présence serait certifiée par les officiers municipaux que l’annonce d’une agression nocturne avait retenus auprès du roi au moment même où l’on signalait son évasion.

Le 6, la nouvelle du massacre de quatre administrateurs de Toulon consterna de nouveau l’Assemblée. On discuta ensuite la mise en accusation de La Fayette. La commission extraordinaire nommée pour instruire cette affaire conclut à l’accusation. Vaublanc justifia le général : « S’il avait eu des projets ambitieux ou criminels, il aurait songé d’abord, comme Sylla, César ou Cromwell, à fonder sa puissance sur des victoires. Cromwell a marché à la tyrannie en s’appuyant sur la faction dominante, La Fayette la combat ; Cromwell forma un club d’agitateurs, La Fayette abhorre et poursuit les agitateurs ; Cromwell fit périr son roi, La Fayette défend la royauté constitutionnelle. »

Brissot, accusé si souvent aux Jacobins de complicité avec La Fayette, voulut lutter de popularité avec Robespierre et ses amis en sacrifiant La Fayette aux soupçons. « Je l’accuse, s’écria-t-il, moi qui fus son ami, je l’accuse