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II

Plus logique que La Fayette, Danton ne plaçait pas les limites de la richesse à la place des limites de la naissance entre les citoyens ; il les effaçait toutes. Cet appel au droit et au nombre devait étouffer les baïonnettes de la garde nationale sous la forêt de piques des fédérés. Les enrôlements volontaires pour la frontière prirent plus d’activité ; ils avaient lieu solennellement sur la place de l’hôtel de ville. Ces enrôlements étaient antiques de forme. Quatre tribunes, élevées aux quatre angles de la place, étaient occupées par des commissaires qui recevaient les engagements au bruit des instruments et aux acclamations de la foule. Des allocutions brûlantes enflammaient l’esprit des volontaires : « Citoyens, nous allons partir, dirent les orateurs de la section des Quinze-Vingts ; vous êtes près du gouvernail, surveillez le pilote : il vaudrait mieux le jeter à la mer que de surveiller l’équipage. Le dix-neuvième siècle approche : puissent à cette époque de 1800 tous les habitants de la terre, éclairés et affranchis, adresser à Dieu un hymne de reconnaissance et de liberté ! Demandez encore une fois à Louis XVI s’il veut être de cette fête universelle ; nous lui réservons encore la première place au banquet. S’il s’y refuse, adieu ! Nos sacs sont prêts, notre adresse est l’éclair qui précède la foudre ! »

Le contre-coup de ces convulsions extérieures se faisait