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nelles explications, convainquirent sinon l’esprit, du moins le cœur du roi. Il excusa, il pardonna et il espéra. « Je crois comme vous, dit-il encore tout attendri à son ministre, que le duc d’Orléans revient de bonne foi, et qu’il fera tout ce qui dépendra de lui pour réparer le mal qu’il a fait et auquel il est possible qu’il n’ait pas autant de part que nous l’avons cru. »

Le prince était sorti de l’appartement du roi réconcilié avec lui-même et résolu de retirer plus que jamais son nom aux factieux. Il avait peu de peine à sacrifier son ambition, car il en était dépourvu ; et quant à sa popularité, elle le quittait d’elle-même pour se donner plus bas que lui. Il n’avait donc de sûreté et d’honneur que dans la constitution et au pied du trône. Son cœur l’y portait comme son devoir. L’homme, dans Louis XVI, le touchait encore plus que le roi. L’adulation et les ressentiments de cour perdirent tout.

Le dimanche qui suivit cette réconciliation, le duc d’Orléans se présenta pour rendre ses hommages au roi et à la reine. C’était le jour et l’heure des grandes réceptions. La foule des courtisans remplissait les cours, les escaliers, les appartements des Tuileries ; quelques-uns espérant encore des retours de fortune, d’autres venus des provinces et attirés autour de leur malheureux maître par l’attrait de l’infortune et de la fidélité. À l’apparition inattendue du duc d’Orléans, dont la réconciliation avec le roi n’avait pas encore transpiré, l’étonnement et l’horreur assombrirent tous les visages. Un murmure d’indignation courut avec son nom dans les chuchotements ironiques. La foule s’ouvrit et s’écarta comme en répugnance d’un contact odieux sur son passage. Il chercha en vain un front accueillant ou