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Brissot, si longtemps ami de La Fayette, le livra enfin à la colère des Jacobins. « Cet homme a levé le masque, dit-il : égaré par une aveugle ambition, il s’érige en protecteur. Cette audace le perdra. Que dis-je ? elle l’a déjà perdu. Quand Cromwell crut pouvoir parler en maître au parlement d’Angleterre, il était entouré d’une armée de fanatiques, et il avait remporté des victoires. Où sont les lauriers de La Fayette ? où sont ses séides ? Nous châtierons son insolence, et je prouverai sa trahison. Je prouverai qu’il veut établir une espèce d’aristocratie constitutionnelle, qu’il s’est concerté avec Luckner, qu’il a perdu à pétitionner à Paris le temps de vaincre aux frontières. Ne craignons rien que de nos divisions. Quant à moi, ajouta-t-il en se tournant vers Robespierre, je déclare que j’oublie tout ce qui s’est passé ! — Et moi, répondit Robespierre un moment fléchi, j’ai senti que l’oubli et l’union étaient aussi dans mon cœur, au plaisir que m’a fait ce matin le discours de Guadet à l’Assemblée, et au plaisir que j’éprouve en ce moment en entendant Brissot ! Unissons-nous pour accuser La Fayette. »


II

Des pétitions énergiques des différentes sections de Paris répondirent à la pensée de Robespierre, de Danton, de Brissot, et demandèrent un exemple terrible contre La Fayette et une loi sur le danger de la patrie. La Fayette,