Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 10.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de son côté, défiait avec sa généreuse intrépidité les Jacobins dans les proclamations qu’il adressait à son armée et dans les lettres qu’il écrivait à l’Assemblée ; mais quand un peuple est sous les armes, il écoute mal les longues phrases : un mot et un geste, voilà l’éloquence du général. La Fayette prenait le ton d’un dictateur sans en avoir la force. Ce rôle n’est accepté qu’après des victoires. Aussi les dénonciations courageuses contre la faction des Jacobins n’excitèrent que de rares applaudissements dans l’Assemblée et les sourires des Girondins ; elles furent seulement un avertissement pour ces partis : ils sentirent qu’il fallait se hâter pour devancer La Fayette. L’insurrection fut résolue ; Girondins, Jacobins, Cordeliers, s’entendirent pour la rendre sinon décisive, au moins significative et terrible contre la cour.


II

À peine les bandes de Santerre et de Danton étaient-elles rentrées dans leurs faubourgs, que déjà l’indignation générale soulevait l’opinion du centre de Paris. La garde nationale, si pusillanime la veille, la bourgeoisie, si indifférente, l’Assemblée elle-même, si passive ou si complice avant l’événement, n’avaient qu’un cri contre les attentats du peuple, contre la duplicité de Pétion, contre les offenses impunies à la majesté, à la liberté, à la personne du souverain constitutionnel. Toute la journée du 21, les cours, le