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XIII

Rœderer, procureur-syndic du directoire de département, fonction qui correspondait en 92 à celle de préfet de Paris, était en ce moment à la barre de l’Assemblée. Rœderer, partisan de la constitution, de l’école des Mirabeau et des Talleyrand, était un ennemi courageux de l’anarchie. Il trouvait dans la constitution le point de conciliation entre sa fidélité au peuple et sa loyauté envers le roi ; il voulait défendre cette constitution avec toutes les armes de la loi que la sédition n’aurait pas encore brisées dans sa main. « Des rassemblements armés menacent de violer la constitution, l’enceinte de la représentation, la demeure du roi, dit Rœderer à la barre ; les rapports de cette nuit sont alarmants : le ministre de l’intérieur nous demande de faire marcher sans délai des troupes à la défense du château. La loi défend les rassemblements armés. Ils s’avancent pourtant. Ils demandent à entrer ; mais si vous donnez vous-mêmes l’exemple de les admettre dans votre sein, que devient entre nos mains la force de la loi ? Votre indulgence en l’abrogeant briserait toute force publique dans les mains des magistrats. Nous demandons à être chargés de remplir tous nos devoirs : qu’on nous laisse la responsabilité, que rien ne diminue l’obligation où nous sommes de mourir pour le maintien de la tranquillité publique ! » Ces paroles dignes du chancelier de L’Hôpital ou de Mathieu