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structions qu’il fit rédiger pour les électeurs de ses domaines furent l’œuvre de l’abbé Sieyès. Le prince lui-même brigua le titre et le mandat de citoyen. Élu député de la noblesse de Paris à Crespy et à Villers-Cotterets, il choisit Crespy, parce que les cahiers de ce bailliage étaient les plus patriotiques. À la procession des états généraux, il laissa vide sa place parmi les princes et marcha au milieu des députés. Cette abdication de sa dignité près du trône, pour se parer de sa dignité de citoyen, lui valut les applaudissements de la nation.


VI

La faveur publique pour lui était telle que, s’il eût été un duc de Guise et que Louis XVI eût été un Henri III, les états généraux auraient fini comme ceux de Blois, par un assassinat ou par une usurpation. Réuni au tiers état pour conquérir l’égalité et l’amitié de la nation sur la noblesse, il fit le serment du Jeu de Paume. Il se rangea derrière Mirabeau pour désobéir au roi. Nommé président par l’Assemblée nationale, il refusa cet honneur, pour le laisser à un citoyen. Le jour où la destitution de M. Necker trahit les projets hostiles de la cour et où le peuple de Paris nomma d’acclamation ses chefs et ses défenseurs, le nom du duc d’Orléans sortit le premier ; la France prit dans le jardin de son palais les couleurs de sa livrée pour cocarde. À la voix de Camille Desmoulins, qui jeta le cri d’alarme