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ses sentiments de mère de s’unir aux ministres pour fléchir le roi. La reine elle-même fut longtemps impuissante. Le roi enfin parut hésiter ; il assigna à Dumouriez un rendez-vous secret pour le soir. Dans cet entretien, il ordonna à Dumouriez de lui présenter trois ministres pour remplacer Roland, Clavière et Servan. Dumouriez était prêt : il proposa Vergennes pour les finances, Naillac pour les affaires étrangères, Mourgues pour l’intérieur. Quant à lui, il se réserva la guerre : ministère dictatorial au moment où la France devenait une armée. Roland, Clavière et Servan, profondément irrités d’un renvoi qu’ils avaient provoqué plus qu’ils ne l’avaient prévu, coururent porter leurs plaintes et leurs accusations dans l’Assemblée. Ils y furent reçus comme des martyrs de leur patriotisme. Ils avaient rempli les tribunes de leurs partisans.


III

Roland, Clavière et Servan assistaient à la séance, sous prétexte d’y rendre compte des motifs de leur renvoi. Roland lut à l’Assemblée la fameuse lettre confidentielle dictée par sa femme et qu’il avait lue au roi dans son cabinet. Il affecta de croire que le renvoi des ministres était la punition de son courage. Les conseils qu’il donnait au roi dans cette lettre se tournèrent ainsi en accusation contre ce malheureux prince. Jamais Louis XVI n’avait reçu des factieux un coup plus terrible que le coup qui lui était porté