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XVI

Cependant Louis XVI tremblait lui-même dans son palais du contre-coup de cette guerre qu’il avait proclamée et qui grondait sur nos frontières. Il ne se dissimulait point qu’il était moins le chef que l’otage de la France ; que sa tête et celles de sa femme et de ses enfants répondraient à la nation de ses revers ou de ses périls. Le danger voit partout la trahison. Les journaux et les clubs dénonçaient plus que jamais l’existence du comité autrichien dont la reine était l’âme. Ce bruit était accrédité dans le peuple ; il ne coûtait à cette princesse que sa popularité pendant la paix, il pouvait lui coûter la vie pendant la guerre. Ainsi, accusée d’abord de trahir la paix, cette malheureuse famille était maintenant accusée de trahir la guerre. Aux fausses situations tout devient péril. Le roi envisageait tous ces dangers à la fois, et courait toujours au plus prochain.

Il envoya un agent secret au roi de Prusse et à l’empereur pour obtenir de ces deux souverains qu’ils suspendissent, dans l’intérêt de son salut, les hostilités, et qu’ils fissent précéder l’invasion par un manifeste de conciliation qui permît à la France de reculer sans honte et qui mît les jours de la famille royale sous la responsabilité de la nation. Cet agent secret était Mallet-Dupan, jeune publiciste génevois établi en France et mêlé au mouvement contre-révolutionnaire. Mallet-Dupan aimait la monarchie par principe