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plutôt que de consentir à la moindre capitulation, ni qu’il fût fait une seule modification à la constitution. Quel est le cœur glacé qui ne palpite pas dans ces moments suprêmes, l’âme froide qui ne s’élève pas, j’ose le dire, jusqu’au ciel, avec les acclamations de la joie universelle ; l’homme apathique qui ne sent pas son être s’agrandir et ses forces s’élever par un noble enthousiasme au-dessus des forces de l’humanité ? Eh bien, donnez encore à la France, à l’Europe, le spectacle imposant de ces fêtes nationales ! Ranimez cette énergie devant laquelle tombent les bastilles ! Faites retentir dans toutes les parties de l’empire ces mots sublimes : Vivre libre ou mourir ! la constitution tout entière, sans modification, ou la mort ! Que ces cris se fassent entendre jusqu’auprès des trônes coalisés contre vous ; qu’ils leur apprennent qu’on a compté en vain sur nos divisions intérieures ; qu’alors que la patrie est en danger nous ne sommes plus animés que d’une seule passion, celle de la sauver ou de mourir pour elle ; qu’enfin, si la fortune trahissait dans les combats une cause aussi juste que la nôtre, nos ennemis pourraient bien insulter à nos cadavres, mais que jamais ils n’auront un seul Français dans leurs fers. »


IX

Ces paroles lyriques de Vergniaud retentirent à Berlin et à Vienne. « On vient de nous déclarer la guerre, dit le prince de Kaunitz à l’ambassadeur de Russie, prince Ga-