guerre vous portent à révolutionner la Belgique ou à envahir la Hollande, elle se réunira à la Prusse pour soutenir le parti du stathouder contre vous. Sans doute l’Angleterre aime la liberté qui s’établit chez vous, mais sa vie est dans son commerce : elle ne peut vous l’abandonner dans les Pays-Bas. Attendez qu’on vous attaque, et l’esprit des peuples combattra alors pour vous. La justice d’une cause vaut des armées. Mais si on peut vous peindre aux yeux des nations comme un peuple inquiet et conquérant, qui ne peut vivre que dans le trouble et dans la guerre, les nations s’éloigneront de vous avec effroi. D’ailleurs, la guerre n’est-elle pas l’espoir des ennemis de la Révolution ? Pourquoi les réjouir en la leur offrant ? Les émigrés, méprisables maintenant, deviendront dangereux le jour où ils s’appuieront sur les armées de nos ennemis ! »
Sensé et profond, ce discours, interrompu par les rires ironiques et par les injures de l’Assemblée, s’acheva au milieu des huées des tribunes. Il faut de l’héroïsme dans la conviction pour combattre la guerre dans une chambre française. Bazire, ami de Robespierre, demanda, comme Becquet, ami du roi, quelques jours de réflexion avant de voter des flots de sang humain. « Si vous vous décidez pour la guerre, faites-la du moins de manière qu’elle ne soit point enveloppée de trahison ! » dit-il. Quelques applaudissements indiquèrent que l’allusion républicaine de Bazire était comprise, et qu’il fallait avant tout écarter un roi et des généraux suspects. « Non, non, répond Mailhe, ne perdez pas une heure pour décréter la liberté du monde entier ! — Éteignez les torches de vos discordes dans le feu des canons et des baïonnettes, ajoute Dubayet. — Que le rapport soit fait séance tenante, demande Brissot. — Déclarez la guerre