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semblait mériter la reconnaissance de l’Assemblée ; en s’identifiant ainsi à la cause de la patrie, il se flattait de retrouver au moins la justice et l’amour de son peuple. L’Assemblée se sépara sans délibérer, et donna quelques heures moins à la réflexion qu’à l’enthousiasme.


VII

À la séance du soir, Pastoret, un des principaux Feuillants, appuya le premier le parti de la guerre. « On nous reproche, dit-il, de vouloir voter l’effusion du sang humain dans un accès d’enthousiasme. Mais est-ce donc d’aujourd’hui que nous sommes provoqués ? La maison d’Autriche a violé depuis quatre cents ans les traités faits avec la France. Voilà nos motifs ! N’hésitons plus. La victoire sera fidèle à la liberté ! »

Becquet, royaliste constitutionnel, orateur réfléchi et courageux, osa seul parler contre la déclaration de guerre. « Dans un pays libre, dit-il, on ne fait la guerre que pour défendre la constitution ou la nation. Notre constitution est d’hier, il lui faut du calme pour s’enraciner. Un état de crise comme la guerre s’oppose aux mouvements réguliers du corps politique. Si vos armées combattent au dehors, qui contiendra les factions au dedans ? On vous flatte de n’avoir que l’Autriche à combattre, on vous promet la neutralité du reste du Nord : n’y comptez pas. L’Angleterre elle-même ne peut rester neutre. Si les nécessités de la