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il négociait de manière à obtenir de l’Autriche une réponse décisive. Il avait renouvelé presque tous les membres du corps diplomatique ; il les avait remplacés par des hommes énergiques. Ses dépêches avaient un accent martial et militaire qui ressemblait à la voix d’un peuple armé. Il sommait les princes du Rhin, l’empereur, le roi de Prusse, le roi de Sardaigne, l’Espagne, de reconnaître ou de combattre le roi constitutionnel de la France. Mais pendant que ces envoyés officiels demandaient à ces cours des réponses promptes et catégoriques, les agents secrets de Dumouriez s’insinuaient dans les cabinets des princes et s’efforçaient de détacher quelques États de la coalition qui se formait. Ils leur montraient les avantages de la neutralité pour leur agrandissement ; ils leur promettaient après la victoire le patronage de la France. N’osant pas espérer des alliés, le ministre ménageait au moins à la France des complicités secrètes ; il corrompait par l’ambition les États qu’il ne pouvait entraîner par la terreur ; il amortissait la coalition, espérant plus tard la briser.


V

Le prince sur l’esprit duquel il agissait le plus puissamment était précisément ce duc de Brunswick que l’empereur et le roi de Prusse destinaient de concert au commandement des armées combinées contre nous. Ce prince était dans leur espoir l’Agamemnon de l’Allemagne.