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pes ? suis-je coupable de l’extravagance d’un écrivain exalté tel que Marat ? »

À ces mots, Lasource, ami de Brissot, demande la parole ; on la lui refuse. Merlin demande si la paix jurée hier ne doit engager qu’un des deux partis et autoriser l’autre à semer des calomnies contre Robespierre. L’Assemblée en tumulte impose silence aux orateurs. Legendre accuse la partialité du bureau. Robespierre quitte la tribune, s’approche du président et lui adresse avec des gestes de menace des paroles couvertes par le bruit de la salle et par les injures échangées entre les tribunes.

« Pourquoi cet acharnement des intrigants contre Robespierre ? s’écrie un de ses partisans quand le calme est rétabli. Parce qu’il est le seul homme capable de s’élever contre leur parti, s’ils réussissent à le former. Oui, il faut dans les révolutions de ces hommes qui, faisant abnégation d’eux-mêmes, se livrent en victimes volontaires aux factieux. Le peuple doit les soutenir. Vous les avez trouvés, ces hommes. Ce sont Robespierre et Pétion. Les abandonnerez-vous à leurs ennemis ? — Non ! non ! » s’écrient des milliers de voix, et un arrêté proposé par le président déclare que Brissot a calomnié Robespierre.


II

Les journaux prirent parti selon leur couleur dans ces guerres intestines des patriotes. « Robespierre ! disent les