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La menace n’était pas moins évidente que la perfidie dans cette lettre, et la dernière phrase indiquait, en termes équivoques, l’usage odieux que Roland se réservait d’en faire un jour. La magnanimité de Vergniaud s’était soulevée contre cette démarche du principal ministre girondin. La loyauté militaire de Dumouriez s’en indigna. Le roi en écouta la lecture avec l’impassibilité d’un homme accoutumé à dévorer l’injure. Les Girondins en reçurent la confidence dans les conciliabules secrets de madame Roland, et Roland en garda copie pour se couvrir au jour de sa chute.


XVI

Au même moment, des rapports secrets, ignorés de Roland lui-même, s’établissaient entre les trois chefs girondins, Vergniaud, Guadet, Gensonné, et le château, par l’intermédiaire de Boze, peintre du roi. Une lettre destinée à être mise sous les yeux du prince était écrite par eux. L’armoire de fer la garda pour le jour de leur accusation. « Vous nous demandez, disaient-ils dans cette lettre, quelle est notre opinion sur l’état de la France et sur le choix des mesures propres à sauver la chose publique. Interrogés par vous sur d’aussi grands intérêts, nous n’hésitons pas à vous répondre : La conduite du pouvoir exécutif est la cause de tout le mal. On trompe le roi en le persuadant que ce sont les clubs et les factions qui entretiennent l’agitation pu-