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MÉDITATIONS


Pour éclaircir l’horreur de cet étroit passage,
Pour relever vers Dieu leur regard abattu,
Divin consolateur, dont nous baisons l’image,
Réponds, que leur dis-tu ?

Tu sais, tu sais mourir ! et tes larmes divines,
Dans cette nuit terrible où tu prias en vain,
De l’olivier sacré baignèrent les racines
Du soir jusqu’au matin.

De la croix, où ton œil sonda ce grand mystère,
Tu vis ta mère en pleurs et la nature en deuil ;
Tu laissas comme nous tes amis sur la terre,
Et ton corps au cercueil !

Au nom de cette mort, que ma faiblesse obtienne
De rendre sur ton sein ce douloureux soupir :
Quand mon heure viendra, souviens-toi de la tienne,
Ô toi qui sais mourir !

Je chercherai la place où sa bouche expirante
Exhala sur tes pieds l’irrévocable adieu,
Et son âme viendra guider mon âme errante
Au sein du même Dieu.

Ah ! puisse, puisse alors sur ma funèbre couche,
Triste et calme à la fois, comme un ange éploré,
Une figure en deuil recueillir sur ma bouche
L’héritage sacré !

Soutiens ses derniers pas, charme sa dernière heure ;
Et, gage consacré d’espérance et d’amour,
De celui qui s’éloigne à celui qui demeure
Passe ainsi tour à tour,