Plus douce qu’à mes sens l’ombre des arbrisseaux,
Ou que l’air rafraîchi qui sort du lit des eaux.
Un vent caresse ma lyre :
Est-ce l’aile d’un oiseau ?
Sa voix dans le cœur expire
Et l’humble corde soupire
Comme un flexible roseau.
Ô vallons paternels, doux champs, humble chaumière
Au bord penchant des bois suspendue aux coteaux,
Dont l’humble toit, caché sous des touffes de lierre,
Ressemble au nid sous les rameaux ;
Gazons entrecoupés de ruisseaux et d’ombrages ;
Seuil antique où mon père, adoré comme un roi,
Comptait ses gras troupeaux rentrant des pâturages,
Ouvrez-vous, ouvrez-vous ! c’est moi.
Voilà du dieu des champs la rustique demeure.
J’entends l’airain frémir au sommet de ses tours ;
Il semble que dans l’air une voix qui me pleure
Me rappelle à mes premiers jours.
Oui, je reviens à toi, berceau de mon enfance,
Embrasser pour jamais tes foyers protecteurs.
Loin de moi les cités et leur vaine opulence !
Je suis né parmi les pasteurs.